Les idées claires

Dans ma REPpublique à moi, on échange, on discute. On apprend à se connaître. Parler, parler encore et se dire, tout ou presque. Essayer de comprendre mais surtout mettre les mots. Les bons.

Ils étaient souriants, contents de se retrouver après ce mercredi chômé. Quand la sonnerie a retentit, on s’est tous assis sur les bancs. Il y en a un rose sur lequel les garçons refusent de s’asseoir, alors ils sont entassés sur le jaune.

On était tous assis et on a fait l’appel. Je voyais bien que M. n’était pas là, mais je l’ai quand même appelé. Et quand personne n’a répondu, j’ai dit : « Il n’est pas là, vous êtes surs ? Regardons sous le banc, peut-être qu’il s’y est caché ». Forcément, ils ont tous, très sérieusement, regardé sous le banc. J’ai ri et je me suis souvenue qu’en CP, le second degré, il fallait mieux ne pas tenter.

Après, on a discuté, un peu.
Qu’est-ce que vous avez fait hier ?
R., tu n’as pas joué à la Playstation cette fois avant de dormir ? Non, c’est bien. R.
M., est-ce que Maman t’a lu une histoire ? Non, c’est ta grande sœur, c’est super ça !

Avec qui avez-vous fait vos petits exercices de lecture, racontez-moi !

E. s’est entrainée à lire les syllabes avec Papa.
A., avec Maman.
D’autres avec grande sœur.
D’autres ne l’ont pas fait.
Tant pis.

Je me tourne vers D.
Comme d’habitude, il regarde ses pieds.
Comme chaque fois qu’il est assis là, sur ce banc, il tripote un morceau de son pantalon, du côté des genoux.
Comme tous les jours, il trépigne, a du mal à rester visser là trop longtemps.
Quand je l’interpelle, il relève très légèrement la tête et me regarde au-dessus de ses lunettes.

« Comment ça s’est passé D., as-tu réussi à lire les syllabes à la maison hier ?
– Pas trop.
– Un petit peu, quelques unes, et pas d’autres ?
– Je ne sais pas. »

D. articule mal et comme il a peur qu’on se moque de lui, il parle vite et avale certains mots. Mais on commence à se comprendre, lui et moi.

«Avec qui as-tu fait la lecture, D., raconte-moi.
– (Silence, reniflage. D. remet ses lunettes sur son nez, trifouille le lacet de son jogging)
– Avec Maman, avec ton frère ?
– Avec Papa.
– Chouette.
– Non.
– Ah.
– Papa, il me crie très fort dessus.
– (Silence)
– Et si il crie quand je n’y arrive pas, alors j’y arrive encore moins. »

Il articule mal D.
Il bafouille, il mange les mots.
Mais il a les idées claires D.
Et il a les mots.
Il les mange, oui, mais ce sont les bons.

Une réflexion sur « Les idées claires »

  1. Voilà, tout est dit Anouk …
    « – Et si il crie quand je n’y arrive pas, alors j’y arrive encore moins. »

    Tiens, en avant-première, un nouveau projet sur  » Le Réveil » :

    « Rêver… car il n’y a de plus belles aventures à vivre que celles où tout y est permis, où l’impossible devient réalisable , où l’imaginaire d’aujourd’hui peut
    devenir la réalité de demain… » ( Odysséus)

    Peut-être que D. et ses copains de classe y participeront un jour … Peut-être 😉 …

    http://www.lereveil.info/2018/10/haute-voix-super-heros.html

    @t … alain l.

    @t… alain l.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.