Le dernier jour d’école…

Le dernier jour d’école, il y a :


– Une maîtresse, en équilibre sur un escabeau bancal, en train d’essayer de dégrafer les affichages du mur sans trop les abîmer.


– Une poignée d’irréductibles élèves, suffoquant de chaleur, mais heureux d’être là pour déranger les jeux de société et puzzles que la dite maîtresse a passé une journée à vérifier. C’est au moment où tu leur demandes de tailler tous les crayons de couleur de la classe qu’ils commencent à se demander s’ils n’auraient pas mieux fait de rester couchés.


– Une « To-do-list » magique, qui a la capacité de s’allonger toute seule au fil de la journée. A chaque fois que tu viens barrer quelque chose, il y a au moins trois autres choses qui apparaissent.


– Des réunions à s’arracher les cheveux et se crêper le chignon pour essayer de finaliser les listes d’élèves de l’année suivante, tout en sachant que tout sera à refaire à la fin de l’été, merci les déménagements et les nouveaux arrivés.


– Le site internet pour faire tes commandes de matériel qui refuse de fonctionner, on te demande presque poliment sur l’écran de réessayer, mais tu es déjà super à la bourre alors tu finis par crier sur ton ordinateur et les enfants te regardent un peu médusés.


– De – plus ou moins – jolis dessins qui s’accumulent sur le bureau de la maîtresse, réalisés par les irréductibles, bah oui, faut bien s’occuper. Tu avais mis de côté une bonne tonne de feuilles de papier à réutiliser, ils en ont déjà descendu les deux tiers. Heureusement que GreenPeace n’a pas prévu de passer aujourd’hui.


– Le repas de fin d’année, pour la pause déjeuner, avec tes collègues et les nouveaux nommés. Tu découvres la remplaçante que tu n’as pas vue de l’année, normal, elle était en arrêt. Personne n’est d’accord sur le menu, Muriel Robin va encore se pointer pour l’addition, on va bien se marrer.


– Les cadeaux des enfants, pour te remercier. Tu vas pouvoir peaufiner ta collection de mugs (oh, eh, j’en ai eu un qui change de couleur quand on met quelque chose de chaud dedans !).


– Les cadeaux que les parents ont tenu à venir te remettre en mains propres : comme cette croûte récupérée dans un vide-grenier qui semble représenter une plage, à moins que ce ne soit le désert (?!) et cette cage à bougies du plus bel effet. Tu dis merci, qu’il ne fallait pas – vraiment pas, et tu cherches un endroit où les planquer.


– Et puis il y a les au-revoir, quelques fois mêmes les adieux. Des qui font mal, qui serrent le cœur et qui piquent les yeux. Des qui sont doux, avec un petit bisou, et surtout des qui rendent joyeux quand on s’aperçoit que pendant ces quelques mois, là, avec eux, on a été heureux.

Une réflexion sur « Le dernier jour d’école… »

  1. Je suis moi aussi « maîtresse d’école ». Après un long parcours dans une ZEP (aujourd’hui REP) de banlieue parisienne, j’enseigne aujourd’hui dans une école maternelle d’une petite ville de province.
    34 ans déjà, 34 dernières semaines où j’oscille entre « chouette, enfin les vacances; je suis rompue de fatigue » et « je ferais bien encore un bout de route avec eux, ils vont me manquer, tellement me manquer », 34 derniers jours d’école où je les regarde partir les yeux embués de larmes tant nous avons vécu, partagé de choses eux et moi.
    C’est avec beaucoup de plaisir et d’émotion que j’ai lu votre livre et que je lis vos chroniques. De votre année en CE2, j’aurais pu écrire chaque ligne tant tout est vrai. De mes 17 années en ZEP, je garde des prénoms, des sourires, des larmes, des chemins de vie débutants mais déjà si cabossés. Ces enfants d’hier sont aujourd’hui des adultes, ils sont parents, ils ont votre âge. Je suis toujours en contact avec certains d’entre eux, ils font partie de ma vie et je peux encore mettre un prénom et une histoire sur presque tous les visages des 17 photos de classe.
    Le métier d’institutrice est un métier passionnant, je l’exerce encore aujourd’hui avec un immense bonheur même si la fatigue se fait sentir. Enseigner en ZEP, en REP, peu importe l’appellation, relève du sacerdoce.
    Alors merci de l’exercer et d’en parler avec tant de vérité et tant d’amour. Merci Anouk. Merci Maîtresse !

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