En son nom.

J’ai mis du temps, quelques jours, presque deux semaines.
J’ai mis du temps parce qu’il y avait quelque chose qui me gênait, dans la gorge.
Quelque chose qui agite encore mes nuits et qui me travaille régulièrement le jour.
Quelque chose qui continuera de me hanter, de nous hanter, pendant longtemps encore.

Je me suis finalement décidé à essayer de parler d’elle.
Elle, c’est C.
Je ne la connais pas, je ne l’ai jamais rencontrée, je ne sais pas à quoi elle ressemblait.
Mais je crois que je sais ce qu’elle vit, ou plutôt ce qu’elle vivait, avant de décider que ça devait s’arrêter.

C., elle est comme L. dans mon livre et dans mon école, comme A., M. et tant d’autres.
Elle court.
Elle vole même des fois, on dirait.
Elle apparaît là, puis apparaît une minute ailleurs.
Elle reçoit le Papa de E., puis répond au téléphone à la maman de I.
Elle te demande si tu as vu la veste de J., parce que sa tata ne la trouve plus.
Elle essaie de régler le conflit entre Mme S. et Mme T., les deux nouvelles maîtresses qui ont un peu de mal à co-enseigner.
Elle reçoit avec toi les parents de M., parce que la situation est compliquée et que tu as besoin d’elle, de son soutien, de sa présence.
Elle a une liste sur son bureau, sur laquelle dès qu’elle barre quelque chose qu’elle a fait, elle rajoute deux autres choses qui lui reste à faire.
Elle reçoit des mails qui annulent et remplacent les précédents, même si elle y avait déjà répondu, qu’elle les avait déjà fait suivre.
Elle essaie de leur expliquer, là-haut, que tout ne pourra pas être mis en place tout de suite maintenant, que c’est exactement le contraire de ce qu’on a demandé avant, alors qu’il va peut-être falloir un peu de temps. On lui répond que c’est une obligation. Elle acquiesce. Respectueusement.
Elle a une réunion à la mairie, la voilà de retour pour déjeuner.
Quand elle ouvre son tupperware avec ses haricots mal réchauffés, son téléphone sonne, il faut qu’elle descende, il y a un livreur qui veut une signature.
Elle remonte, s’assoit enfin, puis corrige les copies de ses élèves, parce que demain, c’est en classe qu’elle sera, enfin qu’elle essaiera, entre deux mails à transférer, deux appels reçus sur son portable personnel et deux rendez-vous qu’elle n’a pas réussi à mettre ailleurs que pendant la récré.

On dit de C., L., A et des autres qu’elles sont directrices.
Moi je dis qu’elles sont femmes à tout faire, à tout recevoir, à tout encaisser, surtout.
Elles sont nos épaules, à nous, les enseignants, à eux, les parents.
Elles sont leurs petits bras, à ceux qui sont plus hauts.
Elles sont tout ça et elles n’en peuvent plus.

Alors C., elle a jeté l’éponge, l’eau du bain et tout le reste avec.
Elle est partie.
Violemment.
Elle en a eu marre de monter une pente au bout de laquelle on n’arrêtait pas de déplacer le sommet.
Et C., elle a voulu qu’on dise pourquoi elle a fait ça.
Elle veut qu’on parle des autres C., de L. et de A..
Elle veut qu’on sache ce qu’elles sont, ce qu’elles font et ce qu’elle, C., ne fera plus, désormais.

C., elle ne veut pas qu’on salisse son nom.
Elle s’appelait Christine Renon.

#mercidirectrice

73 réflexions sur « En son nom. »

    1. Étant directrice, je ne peux qu’e Émue en lisant ces mots… J’ai La chance d’avoir une super équipe avec moi et surtout une super collègue et amie et une super ATSEM et amie….

      1. Je suis aussi très bien entourée, et de ce point de vue une directrice chanceuse.. Mais rescapée, revenue d’un burn out après plus de trois ans d’arrêt maladie. Ces mots me touchent d’autant plus.

    2. Moi j’étais D. comme elle… L’institution m’a usée, lessivée, fatiguée, déçue, trahie, mentie… J’ai préférée fuire avant qu’elle me détruise… Pourtant, j’aimais mon métier. Mes élèves me manquent, mes collègues me manquent, le travail avec les collectivités me manque… Reconvertie en CPE, je reprends doucement confiance… Mais l’amertume est forte… Je ne sais pas si j’arriverai à la dépasser… Courage à toutes les D, vous êtes tellement admirables.

    3. J’ai affiché un Petit mot pour les parents, en expliquant pourquoi je n’assurerai aucun travail de direction jeudi 3 octobre. Ce n’est rien face au geste terrible de Christine, mais je souhaitais les informer et leur faire part de mon émotion! Et je me demande ce qui arriverait si toutes les directrices et tous les directeurs se révoltaient vraiment…

  1. Parce que je suis D. et que vous savez si bien mettre des mots dur ce que l’on vit.
    Parce que moi aussi j’ai une boule dans la gorge depuis (…plus que 2 semaines en fait sauf que depuis le 23 elle ne s’efface jamais), une liste qui ne se termine jamais, des collègues que je n’ai jamais l’impression de suffisamment soutenir, des parents que je n’ai jamais le sentiment d’accompagner assez et des élèves avec lesquels je n’ai jamais l’impression d’être vraiment présente…
    MERCI MAITRESSE

    1. C’est tellement ça…
      Sans compter les reproches à encaisser car certains ( beaucoup ?) voient seulement ce qu’on ne fait pas (=ce qu’on ne PEUT pas faire !) alors qu’on a déjà gravi 3 montagnes…

    1. Bonsoir Anouk …
      Je n’avais pas de mots hier soir après avoir lu ton texte …
      Juste une boule au ventre, et envie d’écouter cette pièce de Gabriel Fauré pour me vider la tête, même si c’est un cantique et si je suis agnostique, la musique n’a pas de religion, et elle parle au fond de nous …
      En hommage à Christine …

       » Elle en a eu marre de monter une pente au bout de laquelle on n’arrêtait pas de déplacer le sommet.  »
      Son Kilimandjaro était sans doute trop haut…
      Mais peut-être que son « sacrifice » n’aura pas été vain … Peut-être…

      @t… alain

  2. Tout à fait notre vie de tous les jours à nous B, F, O…..Je suis dans ma dernière année de dirlette et de maîtresse de CM2 c’est ce qui me fait tenir et voir les priorités d ‘une toute autre manière. Je souhaité beaucoup de courage à mes collègues plus jeunes car ça devient de plus en plus dur. On absorbe toute la misère de la société sans aide de personne et on finit par craquer à un moment ou un autre sans aide de notre hiérarchie ou de notre institution ! Merci pour ce merveilleux et très réaliste texte sur notre fonction ! Demain j afficherai le mot d’hommage à Christine ….que son geste ne reste pas sans réponse !

  3. Je suis très touchée par ce texte.

    Merci de voir.

    C’est si dur, la direction d’école…. c’est le truc le plus dur que j’ai fait dans ma vie.

  4. Merci, merci pour ce si joli texte…et merde, que la vie est violente parfois… que dire à Mme Renon…T’aurais pas dû… T’es pas toute seule… pourquoi tu fais ce choix… la vie a d’autres ailleurs que l’école… attends , tu vas découvrir que d’autres pages peuvent s’écrire…??? Mais ça, c’est trop tard… Repose en paix collègue…😢

  5. Ce descriptif est tellement vrai ! Au nom de tous et de toutes les C , merci d’avoir pris l’initiative de dénoncer les réalités de ce métier de « planqué …. ». Je ne suis pas une C , j’ai failli l’être car j’ai réussi l’examen mais pas eu d’affection au mvt…finalement tant mieux! Mais je suis une PE qui bosse depuis 20 ans en Rep + avec des effectifs de 28 en moyenne ..Cm2 pendant 4ans..bref…et régulièrement s’entendre dire « Tu es fonctionnaire, tu as 2 mois de vacances…. » c’est insupportable et tellement violent ! J’ai la chance d’avoir un directeur exceptionnel qui vit le quotidien d’une C qui s’entend lui aussi ces commentaires alors que ses horaires sont 7h 19h voir au delà en y ajoutant les mercredis et samedis matins. Que la force soit avec nous toutes et tous😀

  6. Très émue par ce message… C’est tellement vrai.
    Combien de temps devrons-nous attendre avant que « là-haut », ils acceptent enfin de nous donner les moyens de faire ce métier correctement ?
    A.

  7. Bonjour,
    Je suis aussi une C…magnifique et désespérément realiste descriptif . Depuis j essaie de gérer le metier autrement car lorsque des soucis personnels viennent se greffer à cela c est paffois presqu insupportable…
    Repose en paix collègue…

  8. Merci pour ce magnifique texte criant de vérité. Je suis moi aussi directrice ,en zone rurale, peut être un peu privilégiée mais surtout entourée d’une superbe équipe… c’est certainement ça le secret, ce qui me fait tenir et ce qui me fait sourire en toutes circonstances…ou presque !!!! Plus que 10 ans…
    Courage à vous tous

  9. Je suis un ancien directeur, retraité. La lecture de ce texte émouvant m’a fait revivre, ligne par ligne, ma vie de responsable d’établissement ; nous sommes la cause de tous les maux devant les parents, devant l’administration.
    Rares sont les éclairs de lumière, il faut s’y cramponner.
    Cruel destin !
    Georges

  10. Magnifique texte qui touchera à coup sûr toutes les directrices et tous les directeurs. C devait être une chouette directrice, pour qu’elle en arrive là c’est qu’elle vivait vraiment pour son métier. Ce métier qui aurait du la porter l’a foutue en l’air. Pourtant il y avait ses élèves, ses collègues et amis, les parents qui l’aimaient bien… oui mais elle était seule face à des problèmes parfois intolérables et dont personne ne veut la charge. Je compatis tellement, je suis tellement triste de penser que personne n’a vu… et pourtant personne ne pouvait imaginer une telle souffrance car elle savait prendre sur elle, C, elle ne montrait pas, elle donnait, simplement !
    Je ne suis plus directrice, j’ai laissé cette belle et lourde tâche à un autre qui a tout mon respect et que je soutiendrai si il en a besoin. Avant de sombrer, lâchons l’affaire. J’espère de tout cœur que le geste de Christine aura de vrais effets sur le métier de directeur qui a besoin d’être restauré. Ce serait le minimum qu’on puisse faire maintenant.
    Merci Christine. Merci à vous pour votre bel hommage.

    1. je connaissais Christine -une jeune femme toujours souriante, toujours à l’écoute des autres – qui adorait son métier – pleine d’humour – sa disparition m’a vraiment beaucoup surprise – comment a-t-elle pu en arriver là ? – pourquoi avoir baissé les bras après tant d’années à adorer les enfants qu’elle voyait tous les jours ? – je me souviendrais toujours des bons moments passés auprès d’elle – qu’elle repose en Paix

  11. Je comprends tout …. moi j’ai laissé tomber la direction après deux burn-out …. que personne n’a compris à part mon mari, mon soutien, celui qui m’a évité de faire comme cette directrice épuisée … j’ai eu de la chance et j’ai cessé de me battre parce que Don Quichotte à la fin il ne gagne pas ! Alors je suis redevenue enseignante, simple et j’essaye au maximum de soulager ma directrice, que je comprends et soutiens. Elle sait, elle comprend, elle apprécie … j’ai lâchement abandonné … mais pour ma santé, ma survie, ma famille ….. 😢

    1. J’ai aussi laissé tomber la direction avant de disjoncter complètement, mais il ne faut pas dire qu’on a « lâchement abandonné ». Je trouve au contraire que c’est un choix difficile et qu’il faut avoir le courage de le faire, Moulin !
      Merci à la collègue qui tient ce blog pour son message si juste, nous sommes nombreux à être bouleversés par le suicide de Christine Renon 😦

    2. Je dirais plutôt « que j ai abandonné avec sagesse « …si l on est fait pour porter 30 kg, pourquoi vouloir en porter 60 ? Je n exerce pas votre métier, je suis infirmière, j ai un mental d acier mais c est mon corps qui a lâché jusqu’a faire des fractures de fatigue. J ai été malade pendant 8 années….je regrette de ne pas avoir compris plus tôt ,j aurais dû avoir la sagesse d’abandonner ce travail, pour ne pas abandonner ma vie.. Ne regrettez pas votre choix.

  12. Merci mille mercis… que d émotion à la lecture de ces lignes… merci mille mercis… en lisant je me suis vu courir en permanence courir après le temps… merci mille mercis…
    Une dirlo parmi tant d autres… une dirlo épuisée… mais au brassard noir et au poing levé… pour C😢

  13. Quelle tristesse 😢
    Combien de Christine avons nous dans notre entourage…prenons soin les uns des autres.
    Une pensée à tous ceux qui décident un jour de partir parce qu’ils n’en peuvent plus: directeurs, directrices, profs, infirmiers, infirmieres, policiers…et une pensée émue à tous leurs proches…eux ils vont vivre l’absence au quotidien.
    Merci Anouk pour ce beaux textes et pour tout ce que tu écris .

  14. Triste atterrée et tellement émue…
    Merci pour C…
    Nous sommes toutes et tous C…
    RIP et toutes mes condoléances à la sa famille, ses collègues, ses enfants d’adoption scolaire et leurs parents…

  15. Très beau texte, merci
    Je suis pas enseignant, prof ou directrice, mais chauffeur de car et je c’est se que vous endurer,
    Respect à vous les enseignants

  16. Je suis très touchée par cet acte car ce métier est merveilleux ! les enseignants sont là pour apprendre à nos enfants, ils ont tellement de patiences de discuter toute la journée avec eux , même avec ceux sans éducation !!
    Et ils doivent composer avec les parents !!
    Parents respecter le métier d’enseignant et vous verrez le comportement de vos enfants changera ! Respect ✊ à toutes et tous les enseignants !

  17. Merci Maîtresse pour ce texte magnifique et émouvant où tout est dit.
    Merci pour C. et pour tous les autres dirlos et dirlettes en souffrance. 😢

  18. Dans ma carrière d enseignant pourtant pas encore au bout de mon chemin professionnel, j ai connu 2 départs violents comme celui de Christine: un directeur, un matin,avant de venir à l école et une jeune collègue qui débutait. Je suis révolté par ce silence assourdissant de la hiérarchie sur nos conditions d exercice. Ce n est plus du manque de soutien, c est eux qui nous mettent la tête sous l eau.

  19. C’est tellement émouvant ce texte ! mais c’est surtout cruel comme situation ! Comment peut-on laisser en arriver là!
    Directrice d’une petite école de 3 classes mais où la charge est déjà souvent trop ! j’ai la chance d’avoir deux collègues ex directrices qui m’épaulent un max !
    Merci !

  20. Tout est dit. Ce texte est tellement vrai. Cette impression de donner tout son temps à une institution qui réclame toujours plus . Cette impression d’être un citron qu’on presse. Cette impression de ne pas être reconnu. Cette impression de toujours courir,de manquer de temps. Cette impression d’être au bout du rouleau , malgré le soutien de collègues , de parents, malgré la passion du travail, malgré les regards et les sourires d’enfants .
    Je suis infiniment triste.

  21. Cela reflète si tristement ce que l’on vit… la liste ne diminue jamais, les problèmes ne cessent jamais, le repos est de moins en moins possible et nos vies personnelles en sont fortement touchées…

  22. Nous sommes des êtres humains , profondément humains que le marché traite comme des pièces d’une grande machine sans âme à faire du pezflousetune.
    A tous ceux qui aujourdhui ont un travail, on leur demande de bosser jusqu’à
    l’épuisement ou pire mais surtout et avant tout qu’ils posent leur cerveau au vestiaire…le coeur ! Un non sens pour eux..le recrutement des managers se fait aujourd’hui dans le vivier non pas des requins mais carrément des sociopathes
    A part le maquis je ne nous vois pas de grand avenir ni pour nos petits.
    Ultreia

  23. Prenez soins tous et toutes de vous, et entre vous soyez soutien les uns pour les autres, et sachez tirez la sonnette d’alarme sans honte, vous êtes humains avec vos limites, comme nous tous. Quel que soit votre statut, vous êtes au jour d’aujourd’hui incontournables dans la vie de tous, vous les PE, les D, les A, …rares sont ceux qui ne sont pas allés à l’école…, l’Ecole c’est l’affaire de tous en fait, notre responsabilité à tous…. le suicide en tout cas n’est pas et ne doit pas être une solution et ce pour personne, la vie est plus importante que tout…, je suis triste c’est tout…
    Sans la connaitre j’ai cette drôle d’impression d’avoir perdu un être cher, nécessairement à travers soit « ma » première maitresse de maternelle, « ma » directrice d’école primaire, mes cousins, cousines, tantes ou tout simplement mon amie, toute nouvelle directrice de maternelle….
    Alors force à vous tous.

  24. Félicitations Madame d’avoir su arrêter avant l’irréparable! Je sais qu’il est difficile de changer de vie mais la vie est précieuse et je suis sure qu’il ne manque pas de métier où vous pouvez vous épanouir! Quelle tristesse tous ces suicides pour un travail même si c’est celui qui nous passionne! Courage et bonne chance pour retrouver le bonheur et l’envie et l’énergie dans un autre projet.

  25. Cela fait un mois que je suis directrice et ces mots résonnent déjà en moi ! Ce texte est magnifique , tout est dit avec tant de vérité !
    Tout simplement merci

  26. Sans commentaires..tant nous sommes touchés par ce fléau qui doit bien voir une origine…policiers …enseignants….agriculteurs…les gens de ma génération qui sont contents d’être en fin de vie et qui ont pourtant connu la guerre 39/45 et celle d’Algérie….etc…! un vrai cancer et encore aujourd’hui certains guérissent !!!

  27. Quel beau message mais qu’elle tristesse aussi en le lisant ! Merci tout de même de l’avoir écrit ! Il dit bien ce qu’il veut dire et il n’y a rien à y ajouter, sauf RIP à cette directrice pour tout son courage et tout son dévouement ! 😥

  28. encore une personne au bout du rouleau avec toute la pression des responsabilité du a son poste et tous le monde s en fout sauf les gens qu il l apprécier ça famille et les enfants de son école ses collègues, mais c est pas grave nos politique ne sont plus a une victime prés il faut être désespéré pour faire un acte aussi tragique et sans retour toutes ces personnes du corps enseignant qui prenne soin de nos enfants qui sont l avenir pour tous et notre gouvernement les sacrifie au profit monétaire mon commentaire ne changera rien j ai honte des gens qui nous gouverne et en colère parce que je sais que cela n est pas fini il y auras encore des victimes de cette politique de riche qui brise les gens honnête sérieux et intègre aujourd’hui huis mieux vaut être riche ou truand et la différence entre les deux me dirais vous il y en a pas je salue cette dame et je présente mes condoléances a ça famille et je vous donne mon respect MADAME

  29. c’est terrible ce qui est arrivé. Cette vie n’est pas une vie plaisir mais un véritable sacerdoce. devant tant de souffrance que l’on veut cacher en haut lieu, on ne peut que s’incliner et peut être verser quelques larmes pour elle, elles, vous…..

  30. Pour avoir aussi été directrice (4 ans), je pense que ce n’est pas un « métier », pour lequel nous sommes formés. Je crois que c’est une erreur d’être directeur ou directrice pendant de longues années, voire toute sa carrière. On devrait pouvoir se relayer voire travailler en binôme. Je ne regrette absolument pas d’avoir passé la main et d’être redevenue professeure des écoles adjointe. Notre métier évolue mais pas forcément dans le bon sens, pour nous qui sommes au quotidien sur le terrain quelque soit le lieu. L’Éducation Nationale ne mérite pas que l’on donne sa vie pour elle, pas du tout. Notre métier nous accapare tous et toutes, mais la vie personnelle doit aussi exister. Les exigences, les tâches administratives de plus en plus nombreuses, voire délirantes. je suis dans une école, sans problème d’ordre relationnel. J’ai de la chance et je la savoure chaque jour. Je suis pleinement consciente que ce n’est pas partout pareil. Une excellente amie travaille à seulement quelques kilomètres et ne vit pas du tout le même quotidien que moi. Ne laissons pas notre métier nous tuer et faire vivre l’enfer à des personnes comme Christine. Courage à toutes et à tous pour la suite de cette année scolaire qui démarre bien tristement…

  31. Merci à toi Anouk pour avoir rendu hommage d’une bien belle façon à Christine et à tous les collègues, comme Jean, qui nous ont malheureusement quittés bien trop tôt….

  32. Merci de continuer à parler de C. Moi je l’ai connue et ce qu’elle a fait n’est pas de la détresse, elle voulait juste que son geste serve, elle voulait que l’on parle de la détresse de ses collègues, sa seule façon de faire du bruit a été de se sacrifier…. merci C on ne t’oublieras jamais !
    Mais on aurait préféré que tu écrives un livre et que tu restes parmi nous 😢

  33. A l’annonce du suicide de Christine,je me suis revue il y a quelques années, Directrice non déchargée, responsable de tout et chef de personne,pour une indemnité de misère à la fin du mois….Il faut rajouter à cela certains collègues dont l’existence est vide et qui se réveillent le matin dans l’unique objectif de tourmenter le directeur,les syndicats qui sont trop heureux de se servir(à moi les bonnes planques!) et de se faire bien voir de la hiérarchie et se gardent bien de comprendre l’essentiel de leur mission…
    Et puis que dire des parents d’élèves ? Je crois que l’Éducation Nationale est la seule corporation où on autorise(incite?)le parent lambda à donner son avis sur la pédagogie quand bien même il saurait à peine lire! Nos chers IEN sont trop occupés à les brosser dans le sens du poil pour les remettre à leur place! On a voulu faire entrer les parents à l’école ? On les a maintenant ! Avez-vous déjà essayé de vous dresser face à un médecin ? A un hôpital ?
    Toute la corporation se dresse et fait corps quand bien même la faure est évidente ! Vous vous imaginez dire à votre chirurgien : »il fait couper comme ci,il faut faire ça… »..or,c’est ce qui se passe dans l’Éducation Nationale surtout dans le 1er degré !
    Grâce à Dieu au moment où je craquais j’ai pu opérer une reconversion professionnelle et depuis,je revis même si ce n’est pas tous les jours évident !
    Mais je sais que Christone Renon ça aurait pu être moi!

  34. J’ai été, ces quatre dernières années (après 20 ans d’Education Prioritaire et 20 ans de direction), directeur d’une école de REP de 250 élèves à 99% issus de l’immigration et en grande précarité. 32 des ces enfants étaient en situation de handicap (dont certains en attente d’IME pendant des années), une dizaine avaient de très grosses difficultés en langue orale et une quarantaine avaient des troubles comportementaux plus ou moins avérés rendant leur gestion bien délicate pour les enseignants.
    Les deux premières années j’ai été épaulé par une assistante administrative (EVS), très efficace de surcroît, qui m’a fait apprécier ce poste pour la diversité des missions, le partenariat et le travail d’équipe.
    La troisième année ce poste d’assistante a été supprimé comme partout en France…
    Là, le travail a commencé à devenir de moins en moins attractif: mon temps a été envahi de tâches administratives inintéressantes au détriment des missions de mon cœur de métier auprès des collègues, des élèves, des parentés et des partenaires. J’ai tout à fait retrouvé dans le courrier de Christine Renon la description de ce qu’est, alors, devenu mon quotidien.
    Suite à nos nombreuses fiches SST (santé et sécurité au travail) envoyées à notre hiérarchie pour les alerter sur nos conditions de travail, un courrier à notre IA DASEN, un à notre recteur et un à notre ministre – tous trois restés sans réponse bien sur – le CHSCT ( la réponse magique utilisée par le ministère suite aux deux suicides d’enseignants le mois dernier) départemental a décidé de procéder à un audit de notre école.
    En janvier 2018 une délégation de huit personnes, dont le Secrétaire Général de la DSDEN, est venu passer la journée à l’école, la matinée avec moi, le reste de la journée avec mes collègues.
    4 mois plus tard, un rapport officiel a été publié. Dans ce rapport il est écrit que tous les personnels de cette école présentent un risque fort de burn-out. Des préconisations sont données dans ce dernier pour alléger la charge mentale des personnelles. Lors de l’audience de remise de ce rapport, l’IA DASEN a, avec l’aval des syndicats présents ( et coauteurs du rapport), repoussé en bloc toutes celles-ci.
    Ma fin d’année a été plus que difficile, me mettant en difficultés tant sur le plan professionnel que personnel.
    J’ai tenu une année supplémentaire, le temps d’obtenir une mutation pour quitter dignement ce poste.
    Je vois avec tristesse ce dégrader les conditions de travail des enseignants et avec résignation se démanteler le Service Public dEducation. Étant d’un âge plutôt avancé, je me réconforte en me disant que je serai parti avant que cela soit trop déprimant à vivre, mais ces quatre années ont laissées des séquelles profondes sur ma foi et mon engagement professionnel: comment s’investir pour une institution ayant si peu de respect pour ses serviteurs ?

  35. Je voulais saluer ce magnifique texte hommage à notre collègue. Je ne connaissais pas C mais les difficultés rencontrées au quotidien je les ai vécues durant mes années de directrice avec peu de soutien de la part des collègues. Je ressemblais à Chiva…L’âge aidant j’ai pu demander ma mise à la retraite depuis septembre et j’en suis heureuse. Je viens de me rendre compte ce que j’ai fait vivre à ma famille et à mes amis. Jamais dispo pour une soirée improvisée, toujours quelque chose à faire et rentrer de plus en plus tard à la maison. Ce métier est passionnant mais chronophage et je salue tous les directeurs et directrices en poste qui oeuvrent dans l’ombre. Repose en paix C.

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